Archives des Maladies du Cœur et des Vaisseaux Pratique - Article du mois : Novembre 2021
F. Bouisset
L'acronyme INOCA (Ischemia with Non Obstructive Coronary Artery disease) proposé en 2017 par le Cardiovascular disease in Women Committee of the American College of Cardiology [1] désigne une situation clinique au cours de laquelle un(e) patient(e) présente une symptomatologie angineuse ou équivalente et une ischémie inductible au cours d'un test fonctionnel d'ischémie myocardique sans lésion angiographiquement significative en coronarographie, ni fonctionnellement ischémiante en FFR (sténose angiographiquement < 50 % et FFR > 0,80). Cela signifie que les symptômes, et l'ischémie myocardique documentée en rapport, ne proviennent pas d'une atteinte athéromateuse coronarienne épicardique obstructive.
Autrefois appelé Syndrome X (l'appellation en disant long sur la difficulté à identifier et à comprendre ce diagnostic), l'INOCA ne doit pas être confondu avec le MINOCA (Myocardial Infarction with Non Obstructive Coronary Artery disease). En effet, si ces deux syndromes ont en commun l'absence de lésion significative à l'angiographie coronaire, l'INOCA est par définition une situation stable, s'inscrivant dans le cadre nosologique du syndrome coronarien chronique, contrairement au MINOCA qui désigne un tableau aigu, s'inscrivant dans le cadre d'un syndrome coronarien aigu (Fig. 1).
Souvent considérés comme des faux positifs des tests fonctionnels, ces patients porteurs d'INOCA constituent un groupe hétérogène majoritairement composé de femmes d'âge moyen. Contrairement à une idée communément répandue, le pronostic de ces sujets n'est pas si bénin. De plus, les douleurs angineuses récurrentes (ou leurs équivalents tels que la dyspnée d'effort) occasionnent une altération significative de la qualité de vie et sont à l'origine de coronarographies inutiles répétées mais également d'autres explorations, cardiologiques et non cardiologiques, occasionnant des dépenses de santé importantes.
Il est par ailleurs important de noter que cette forme de coronaropathie qui implique la microcirculation coronaire peut chez un individu être associée à une coronaropathie épicardique « classique », expliquant par exemple la persistance d'une symptomatologie angineuse après une revascularisation épicardique pourtant jugée satisfaisante.
Au cours des dernières années, les sociétés savantes européennes et américaines de cardiologie ont produit des consensus d'expert sur ce sujet [1,2], permettant une meilleure diffusion du savoir sur ce syndrome notamment en ce qui concerne ses critères diagnostiques et sa prise en charge.
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