Société Française de Cardiologie
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SFC - Recommandations Grossesse Marfan 2010

Le  syndrome  de  Marfan  est  une  maladie  génétique,  dominante  autosomique,  le  plus  souvent  due  à  une  mutation  du  gène  codant  pour  la  fibrilline  de  type  1,  une  protéine  ubiquitaire constitutive de la matrice extracellulaire qui participe à la solidité des tissus.  Le  risque  vital  est  en  rapport  avec  l’atteinte  aortique  (dissection,  rupture)  et  le  risque  fonctionnel  en  rapport  avec  l’atteinte  ophtalmologique  (qui  peut  conduire  à  la  cécité)  et  l’atteinte squelettique (complications articulaires).

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Le diagnostic de maladie de Marfan est rendu complexe du fait de l’expressivité très variable de  la  maladie.  Il  suppose  la  présence  de  signes  dans  différents  systèmes  (d’où  la  nécessaire  coopération  de  différents  spécialistes).  On  utilise  les  critères  cliniques  parfois  complétés  de  la  génétique  moléculaire  pour  le  diagnostic  (voir  réf  1  ou  2),  et  le  traitement  repose  sur  la  prescription  de  bétabloquants,  la  surveillance  échographique  aortique,  la  chirurgie  de  remplacement  de  la  racine  aortique  avant  qu’une  dissection  ne  survienne,  le  traitement  symptomatique  des  complications  rhumatologiques,  l’ablation  du  cristallin  dans  certains cas d’ectopie.

On  connaît  peu  de  choses  de  l’épidémiologie  de  la  maladie.  Les  chiffres  qui  suivent  sont  donc des estimations. La fréquence du syndrome de Marfan est estimée à 3 -5/10 000 soit environ 12 000 patients en France. ¾ des patients présentent une dilatation aortique, ¼ des femmes ont été opérées de l’aorte à l’âge de 40 ans, 3% de la valve mitrale. La dissection aortique est rapportée au cours d’environ 4% des grossesses chez les femmes qui ont été vues au centre de référence (souvent après que la dissection révèle la maladie). A l’inverse, le  taux  de  dissection  chez  les  femmes  suivies  semble  beaucoup  plus  faible.  Le  risque  semble  plus  important  au  cours  du  troisième  trimestre  de  la  grossesse.  Les  progrès  de  la  prise  en  charge  au  cours  des  30  dernières  années  ont  permis  une  augmentation  de  l’espérance de vie de l’ordre de 30 ans. De nombreux progrès dans la compréhension de la maladie laissent espérer d’autres avancées thérapeutiques (pour revue voir réf 2).

La  grossesse  pose  différents  problèmes  chez  les  patientes  présentant  un  syndrome  de  Marfan :

  • Des risques cardiovasculaires chez la femme. Ces risques sont liés à la fragilité de la paroi aortique: le risque de dissection est plus élevé que dans la population générale, ce quelque soit  le  diamètre  aortique.  Ce  risque  augmente  en  proportion  de  la  dilatation  de  la  racine  aortique et de sa progression. On considère généralement que le risque est acceptable en dessous  de  40  mm.  Existent  aussi  les  risques  associés  à  une  valvulopathie  si  elle  est  présente (fuite mitrale plus que fuite aortique).
  • Des  risques  obstétricaux  liés  aux  problèmes  squelettiques,  et  à  l’hypotonie  des  tissus  :  accouchements prématurés, difficulté de la péridurale.
  • Le  problème  du  diagnostic  anténatal  ou  prénatal  (DPN)  qui  n’est  possible  que  si  la  mutation   familiale   est   connue.   La   maladie   est   transmise   selon   le   mode   dominant   autosomique.
  • Enfin le diagnostic préimplantatoire (DPI). 

Les  données  de  la  littérature  sont  de  faible  niveau  de  preuve  et  les  recommandations  ci-dessous sont  essentiellement basées sur des avis d’experts.