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Les mesures de prévention relatives au coronavirus se font de plus en plus drastiques et pour les enfants, témoins de la situation inhabituelle et eux-mêmes impactés par la fermeture des écoles, le sujet peut devenir source d’angoisse. Comment les rassurer, sans leur mentir ?

L’actualité́ marquée par l’épidémie de coronavirus, bien qu’elle puisse être anxiogène peut être abordée avec les enfants (si vous sentez qu’ils en ont besoin). En effet, le fait de ne pas en parler peut engendrer l’inverse de l’effet escompté : au lieu de protéger les enfants en omettant de parler du coronavirus, le risque est que ceux-ci en aient d’autant plus peur.


!!!! Pour les jeunes enfants, il n’est donc pas forcément nécessaire ni souhaitable d’entrer dans les détails, ni même d’aborder le sujet si l’enfant n’en parle pas lui- même. Cela risquerait de lui créer des peurs qu’il n’avait pas forcément auparavant.


Si vous sentez que votre enfant a besoin d’en discuter, je vous conseille de leur dire les

choses le plus simplement du monde avec les mots justes. Pour vous aider, voici une proposition qui vous peut vous guider, si vous en avez besoin.

1 - Jauger leur état d’anxiété

La première chose à faire, lorsque l’on veut informer un enfant, est toujours de lui demander ce qu’il sait déjà, ou ce qu’il imagine, de façon à partir de là où il en est ; c’est très important.

Ensuite, il faut que les parents se rassurent : pour parler à un enfant, il n’y a pas de « bons mots». Chaque parent parle comme il le peut, avec les mots qui lui viennent.

"Par exemple, si un enfant de 7 ou 8 ans vous demande si le virus est dangereux, vous pouvez commencer par lui retourner la question : pense-t-il, lui, que c’est un virus dangereux ? Qu’est-ce qui lui fait dire cela ? Cela permettra de mieux adapter la réponse."

2 - Expliquer clairement les choses sur le COVID-19

Mais aussi :

  • Expliquer ce qu’il est (une toute petite particule, invisible à l’œil nu, qui se colle aux objets et aux gens et peut se multiplier très vite).
  • Expliquer ce qu’il peut faire (rendre malades certaines personnes quand il se regroupe en trop grande quantité dans leur corps).
  • Expliquer ce qu’il ne peut pas faire (rendre malade ou tuer tout le monde, rester pour toujours collé quelque part, s’attaquer aux animaux...).
  • Pourquoi il inquiète les adultes ; parce que quand beaucoup de gens sont malades d’un coup, la société fonctionne moins bien et les médecins et infirmières ont trop de travail dans les hôpitaux, mais aussi parce que certaines personnes, âgées ou déjà malades de quelque chose d’autre, peuvent parfois devenir très malades à cause du coronavirus.
  • Pourquoi il faut se protéger (parce que plus vite on aura trouvé des solutions pour empêcher le virus de se coller à de nouvelles personnes, plus vite il disparaîtra et plus vite on reprendra une vie normale)

Pensez, bien-sûr, à adapter le niveau de votre discours en fonction de l’âge de votre enfant, comme vous le feriez pour parler d’autres sujets en entrant plus ou moins dans les détails selon sa capacité de compréhension.

3 - Les rassurer

Les enfants sont des éponges à émotions : ce qui les inquiète souvent, ce sont les émotions qu’ils perçoivent chez les plus grands et notamment chez leurs parents. Les adultes doivent donc essayer autant que faire se peut de filtrer leur propre anxiété, de ne pas la communiquer en présence de leurs enfants, ou de se faire accompagner pour décharger ces émotions si elles sont trop présentes.

4 - Leur dire que c’est temporaire

Enfin, il est important de jauger l’échelle du temps à hauteur d’enfant. Plusieurs semaines sans école, quand on a 4, 6 ou 7 ou 10  ans, c’est la vie qui prend un tournant inattendu, ça paraît durer toujours... Expliquer que ces mesures sont temporaires, leur donner une finalité (même si l’on ne connaît pas encore le calendrier exact), c’est aussi mieux les appréhender.

N’hésitez pas non plus à justifier l’évolution des mesures : si les adultes ont décidé d’interdire beaucoup de choses d’un coup, c’est pour arrêter plus vite le virus et pour que tout le monde puisse reprendre une vie normale le plus rapidement possible.


Si, malgré vos efforts, l’anxiété de votre enfant persiste ou devient trop intense,  n’hésitez pas à consulter. Nombreux sont les psychologues qui peuvent échanger et recevoir les enfants via Skype (ou autre moyen de Visio) pour des entretiens individuels.


Document réalisé par Laurence Pages, Psychologue Clinicienne, PhD, Unité de Recherche Clinique et Epidémiologie, Département d’Information Médicale, Unité de Cardiologie Pédiatrique et Congénitale, CHU de Montpellier

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